dimanche 10 août 2025

En territoire ouvert...

« Lorsque tu marches en territoire ouvert, ne dérange personne.
Si quelqu’un te dérange, demande-lui d’arrêter.
S’il ne s’arrête pas, détruis-le. »
— Anton Szandor LaVey
La Bible Satanique

Imaginez la scène.
Vous marchez, tard le soir, dans une rue presque déserte.
Quelqu’un arrive en sens inverse.
Il vous jette un regard indifférent et continue son chemin.
Rien ne se passe.

C’est le contrat social qui fonctionne.
Silencieux, invisible, mais bien réel :
Ne me nuis pas, et je ne te nuirai pas.
La plupart du temps, ça suffit.
Et nous nous croyons protégés parce que, la plupart du temps, ça tient.

Maintenant, la même scène…
L’homme ralentit, vous fixe.
Une insulte marmonnée, une bousculade volontaire.
Le contrat social vacille.
Vous entrez dans la zone grise,
cet espace où le confort de la loi semble soudain très loin.

La loi, censée être notre bouclier, devient alors une ombre floue.
On nous parle de proportionnalité,
comme si la survie se calculait avec des règles mathématiques :
« Vous aviez deux baguettes chinoises.
Il n’en avait qu’une.
Même en vous défendant, c’est vous qui avez tort. »

Pendant que la justice théorise, la vie tranche sans hésiter.

Cette logique ne s’arrête pas aux ruelles sombres.
Pensez aux premiers pilotes de chasse de la Grande Guerre,
s’affrontant dans des biplans fragiles, sans parachutes.

On les appelait les chevaliers du ciel,
on les enveloppait de romantisme et de gloire…

Mais en réalité, c’était de l’animalité pure :
lui ou vous.
Un regard au mauvais endroit, une hésitation d’une seconde,
et l’histoire se terminait en flammes.
Le territoire ouvert existe sur terre comme dans le ciel.

Puis arrive le moment où le contrat se brise entièrement.
Une attaque brutale, un geste irréversible, le point de bascule.

Ici, il n’y a plus ni loi, ni théorie, ni morale.
Seulement l’animal brut en nous.
Pas la haine, pas la cruauté.
Juste cette lucidité nue qui murmure : c’est toi ou moi.

Ces instants nous rappellent que la civilisation
n’est qu’un vernis posé sur des instincts beaucoup plus anciens.

Dans le métro, sur un parking, ou dans un duel aérien au-dessus des tranchées,
tout est territoire ouvert.
Et la bulle fragile dans laquelle nous croyons vivre
peut éclater au moindre geste.

Reconnaître cette réalité n’est pas un appel à la violence.
C’est une manière de marcher dans la vie les yeux grands ouverts,
en comprenant qu’aucune loi, aucune morale, aucune institution
ne remplace la vigilance et la conscience de sa propre force.

Le contrat social rend la vie confortable.
La loi nous berce d’illusions.
Mais la vie, elle, n’obéit qu’à une seule règle :
celui qui perçoit la rupture en premier a une chance de survivre.

Arashi Wanderer Ryō 
(Hōrō-sha)

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Je suis membre actif de la Church of Satan. Mes propos n'engagent que moi : je ne parle pas au nom de l'organisation.


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