Un rituel satanique ne se pratique pas pour un rien, ou par paresse dans la recherche de solutions.
Il exige un fondement, une volonté claire. Il met en jeu des forces symboliques puissantes et laisse inévitablement des traces : dans le corps, dans l’imaginaire, dans la mémoire.
Ce n’est ni un divertissement, ni une coquetterie « spirituelle ». C’est un acte délibéré, structuré, où l’on entre comme on traverse un feu : avec attention, et la conscience de suspendre son incrédulité.
Dans la tradition de la Church of Satan, trois rituels fondamentaux répondent à des besoins humains profonds : compassion, convoitise, destruction.
– Le rituel de compassion est une offrande ciblée. On y envoie force, réconfort ou protection à ceux que l’on juge dignes. Ce n’est pas un acte de charité aveugle, mais un choix lucide.
– Le rituel de convoitise sacralise le désir. Il n’y a pas de honte ici, seulement la puissance d’un corps, d’une image, d’une tension assumée. Ce n’est pas de la manipulation, mais une projection affirmée de ce que l’on veut incarner.
– Le rituel de destruction est un désenvoûtement. Il coupe, efface, restitue. Il n’appelle pas à la violence, mais permet de briser un lien, de reprendre possession de soi.
Dans chacun de ces rituels, l’essentiel est la libération cathartique. Que ce soit seul ou accompagné, ce n’est pas une performance destinée à un regard extérieur. Ce n’est pas du théâtre filmé.
C’est un théâtre intérieur qui s’extériorise.
On entre dans un espace sacralisé, codé, où chaque geste, chaque mot, chaque silence pèse.
Et l’on ne joue pas un rôle : on est le rôle, pour la durée du rituel.
Même si l’on se trompe sur un détail, un mot, un ordre - cela importe peu.
Ce qui compte, c’est la concentration, la volonté d’accomplir, et la décision d’aller jusqu’au bout.
Parfois, c’est une épreuve. Mais une épreuve signifiante, parce qu’elle révèle chacun à soi-même.
On est donc bien loin de l’imagerie populaire associée à l'adjectif « satanique » : les sacrifices humains et animaux, les orgies, les manifestations surnaturelles - entre autres !
Tout comme on est loin des considérations méprisantes des je-sais-tout,
ceux qui jugent sans rien savoir, ou qui ricanent pour ne pas ressentir.
Le rituel satanique (symbolique, lucide, assumé)
n’est ni l'émanation d'une religion inversée, ni celle d'une croyance surnaturelle.
C’est une pratique de clarification intérieure,
une technique de mise à nu,
une manière d’ordonner le chaos par le geste.
Il ne cherche ni à convertir, ni à choquer.
Seulement à rappeler que chacun porte en soi des tensions qu’il peut soit fuir, soit canaliser.
Et que parfois, les canaliser dans un espace rituel, avec exactitude et gravité,
est le seul moyen de ne pas exploser à côté.
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Je suis membre actif de la Church of Satan. Mes propos n'engagent que moi : je ne parle pas au nom de l'organisation.
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