samedi 26 juillet 2025

Aucun dieu. Aucune excuse.




Aucun dieu. Aucune excuse.

Pas de trône dans le ciel. Pas de miséricorde automatique. Pas de « je suis comme ça parce que » qui tienne. Il n’y a que toi. Ton reflet. Tes actes. Et le bruit sourd que ça laisse dans les murs.

Tu veux une force supérieure ? Apprends à te lever sans aide. Tu veux du pardon ? Commence par ne plus refaire. Tu veux qu’on t’aime ? Commence par te supporter toi-même en silence.

Le monde ne te doit rien. Et surtout pas du réconfort. Pas un badge. Pas une échappatoire stylisée à ton manque de volonté. La réalité ne flatte pas. Elle forge ou elle broie. Toi, tu choisis ce que tu veux devenir entre les deux.

Pas d’œil cosmique pour valider ta plainte. Pas de ciel pour applaudir ton chaos émotionnel. Pas de script sacré pour justifier ta mollesse. Ce que tu fais — tu le portes. Ce que tu ne fais pas — tu l’assumes.

Tu souffres ? Très bien. Souffre debout. Souffre comme une bête libre, pas comme un outil qui pleure. Tu veux être entendu ? Crée quelque chose qui résonne. Tu veux qu’on te respecte ? Fais en sorte d’être redouté — ou admirable. Mais n’exige jamais ce que tu n’as pas conquis.

Pas de croix. Pas de karma. Pas de pardon prémâché. Juste une maxime : si tu tombes, tombe avec style. Mais relève-toi comme un sabre.

Et si ça te semble trop dur ? Alors sois honnête : tu n’es pas fait pour ça. Retourne vers tes dieux de plastique. Tes mantras auto-tunés. Tes refuges faits de likes et d’oreillers.

Mais ne salis pas ce nom. Ne dis pas « sataniste » quand tu cherches un thérapeute avec des cornes. Ne dis pas « liberté » quand tu refuses d’être jugé.

Car ici, on ne demande pas qu’on nous aime. On demande à voir si tu tiens debout — quand il n’y a plus rien à quoi se raccrocher que ta propre colonne vertébrale.

Aucun dieu. Aucune excuse. Rien que le feu. Le choix. Le poids. Et toi.

Arashi « Wanderer » Ryō
(Hōrō-sha)
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Je suis membre actif de la Church of Satan. Mes propos n'engagent que moi : je ne parle pas au nom de l'organisation.





vendredi 25 juillet 2025

Zatoichi, la lumière de minuit

Kōan Zen : « Midi n’est pas clair, minuit est la vraie lumière. »

Il y a des phrases qu’on n’explique pas. On les traverse, comme un sentier dans le brouillard ou une lame dans le silence.

Zatoichi (1) marche dans cette vérité depuis toujours.
On croit voir à midi. On croit comprendre. Mais le soleil écrase plus qu’il ne révèle. Il inonde de certitudes, gomme les nuances, aveugle de trop de clarté.
C’est dans la pénombre que les choses prennent relief. Dans les bruissements de sabres, les faux silences, les battements retenus.
Zatoichi n’a jamais vu le monde, mais il le reconnaît mieux que quiconque.

Il ne croit pas. Il sent. Il ne parle pas. Il tranche.
Pas pour briller. Pour rétablir.
Son monde est intérieur, et pourtant il affleure à chaque pas, chaque geste, chaque décision. Il vit dans les angles morts, et c’est là qu’il voit le plus juste.

Dans les traditions de la main droite — religions théistes, systèmes verticaux, moralités standardisées — le clair est pur, le sombre est menaçant. Le blanc rassure. Le noir inquiète.
On prie vers la lumière, on fuit l’ombre, on vénère le jour.

Mais la voie de la main gauche ne se laisse pas dicter son horizon.
Elle descend.
Elle regarde ce que les autres évitent. Elle vérifie les angles morts. Non par paranoïa, mais parce qu’elle sait que c’est souvent là que la vérité se cache : dans les marges, les silences, les refoulements.

Elle n’est pas anarchie — elle est responsabilité.
Elle transgresse, mais en conscience. Elle assume ce que les autres préfèrent taire, tant que cela n’enfreint aucune loi. Car l’intime n’a pas à rendre compte au collectif, pas plus que la nuit à la lumière.

Zatoichi, sans discours, incarne cette éthique souterraine.
Il ne juge pas. Il perçoit. Il agit quand il le faut.
Même sans voir, il sait qui ment, qui vacille, qui trahit.
Il ne regarde pas — il écoute. Il ressent. Et parfois, il frappe.

Dans Zatoichi Meets Yojimbo (1970), la tension est partout.
Le village est rongé par les mensonges, les pactes intéressés, les alliances de façade.
Yojimbo, cynique, joue le jeu un instant.
Zatoichi, lui, reste en dehors. Il ne voit rien, mais il devine tout. Il entend le faux dans les voix, la peur dans les silences.
Et quand il agit, c’est toujours juste — comme un coup de sabre qui révèle l’architecture cachée d’une scène.

Mais il n’est pas que violence.
Dans The Tale of Zatoichi (1962), une simple scène au bord de l’eau révèle cette acuité invisible : face à une femme silencieuse, il devine une tristesse qu’elle ne formule pas. Aucun mot fort. Aucun plan grandiose.
Juste une présence.
Celle de quelqu’un qui ne voit pas, mais qui ne se laisse pas tromper.

La lumière de minuit, c’est cela.
Ce n’est pas un flambeau. C’est une brèche dans la nuit. Une lucidité qui n’a pas besoin de projecteurs.
Elle n’éblouit pas.
Elle révèle.

Zatoichi avance encore.
Dans les ruelles. Dans les plis de notre époque.
Dans tous ces gestes justes que personne ne regarde.

Et peut-être, parfois, dans les nôtres aussi.

Ceux qui pensent encore que l’ombre est le mal n’ont jamais franchi minuit.

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(1) Zatoichi est un personnage de fiction japonais apparu au cinéma en 1962, incarné par Shintarō Katsu. Aveugle, masseur itinérant et bretteur d’exception, il dissimule un sabre dans sa canne. Inspiré d’une simple mention dans une nouvelle de Kan Shimozawa, jamais développée, le personnage est devenu une figure mythique du cinéma japonais.
Zatoichi voit dans le noir. Et souvent, il tranche plus clair que tous les voyants.

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Je suis membre actif de la Church of Satan. Mes propos n'engagent que moi : je ne parle pas au nom de l'organisation.

mercredi 23 juillet 2025

... parce que Satan me l'a ordonné !

(Ce titre est faux à plus d'un.
.. titre, mais tu ne comprendras pas forcément pourquoi.)

Je t’ai tenu la porte.
Je t’ai laissé passer en caisse.
J’ai réparé ton vélo sans te demander ton prénom.
Je n’ai pas publié ta bêtise. Je n’ai pas relevé ton hypocrisie.
Et tu veux savoir pourquoi ?

☣️Parce que Satan me l’a ordonné.
(Non.)

☣️ Parce que je veux me racheter une conscience.
(Encore moins.)

☣️Parce que j’ai un plan occulte, comme les coups de pied du même nom.
(Je t’assure que tu es très loin du centre de ma stratégie.)

En vérité :

Je t’ai aidé parce que ça ne me coûte rien.
Parce que je suis en paix avec mes propres décisions.
Parce que je sais exactement où commence ma volonté, et où s’arrête ton emprise.

Et surtout :

💡Parce que je n’ai pas besoin d’un dieu pour ne pas être un connard 

Mais c’est drôle, hein :
Quand un croyant aide, c’est « l’amour du prochain ».

Quand je le fais, c’est :
- manipulateur,
- suspect,
- forcément intéressé,
- ou un moyen de recruter pour une « secte diabolique ».

Spoiler alert : je ne recrute pas. Je trie.

Tu veux croire que mes gestes cachent une intention perverse ?
Libre à toi.

Mais sache que pendant que tu cherches la faille,
je suis déjà passé à autre chose.

Probablement en train d’aider
un autre pauvre type à redémarrer sa voiture.
Sans dire un mot.
Et sans flyer à la sortie.

Et donc non :

Satan ne m’ordonne rien.
Il m’habite peut-être. Il m’amuse souvent.
Il m’a aidé à retrouver mon propre nom.
Mais il ne commande pas.

Pas besoin d’ordres quand on a compris la géométrie de ses actes.

Surtout que, pour moi, Satan n'est pas une entité - c'est une représentation !

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Site officiel de la Church of Satan


mercredi 2 juillet 2025

Oui, non, et autre chose...

(Métaphore technologique et aéronautique pour approcher la perspective de la troisième voie.)


Il fut un temps où des hommes très sérieux déclaraient que l’humanité ne volerait jamais.

Trop lourde. Trop terrestre. 

Le genre de vérité qui vieillit bien… jusqu’à ce que quelqu’un la fracture.

En face, il y avait les rêveurs.
Des plumes. De la toile. Des ailes d’espoir et des clavicules b risées.
Ils se lançaient du haut des falaises en priant pour des courants ascendants.
La plupart ont appris la même chose : la gravité ne négocie pas.

Deux camps.
Deux convictions.
L’un disait jamais.
L’autre disait regardez les oiseaux.

Aucun n’a vu l’avion arriver.


Car lorsque les frères Wright ont lancé leur squelette de bois et de toile en 1903,
ils ne donnaient raison ào personne.
Ils faisaient autre chose, tout simplement.

Premier vol :
37 mètres en 12 secondes.
À peine le temps pour un sceptique de formuler une objection.

Un siècle plus tard,
un Airbus A380 soulève ses 575 tonnes après avoir avalé 4 000 mètres de piste —
un continent de béton,
pour une cathédrale de masse, avec pour décor d'arrière-plan les structures d'une mégapole d'acier et de verre.

Mais ce n’était pas le sommet.
Juste la démonstration.


Car entre le murmure du tissu
et le rugissement logistique du long-courrier,
il y eut un soupir supersonique —
un prédateur d’élite en postcombustion et parfum.

Concorde.

Mach 2,
avec champagne.

Volant à 18 000 mètres d’altitude,
de Paris à New York en moins de 3h30.
Le seul appareil qui ressemblait à une insulte chuchotée
à la fois au temps et à l’économie.

Ce n’était pas de la production de masse.
C’était du désir en précision.
Une machine qui ne s’excusait pas d’être inutile.
Seulement d’être en retard.

Elle n’a pas duré.
Mais elle a existé.

Et parfois —
c’est tout ce qui compte.


C’est là que la perspective de la troisième voie commence.

Pas entre oui et non.
Mais dans la faille entre les deux.
Pas dans le compromis.
Mais dans le refus des termes.

Elle ne débat pas.
Elle construit.

Elle ne proteste pas.
Elle déclenche.

Et lorsque la technologie parle,
elle ne crie presque jamais.
Elle dit simplement :

« Essayons autre chose. »


C’est ainsi que l’on a obtenu le X-15.

Pas de marketing.
Pas de consignes de sécurité.
Juste une flèche noire suspendue sous une aile,
alimentée par le feu et le mépris de la limite.

Il ne décollait pas —
il était lancé.

7 274 km/h.
108 km d’altitude.
Pas de retour pour les cœurs faibles.

Il a fendu le ciel.
Pas pour transporter.
Mais pour voir si la vitesse elle-même pouvait céder.


La technologie se moque de qui avait raison.
Elle se moque de qui était le premier.
Elle se demande ce qui fonctionne —
et ce qui pourrait fonctionner autrement.

Alors la perspective de la troisième voie observe l’argument s’effondrer —
battement d’ailes contre fatalisme —
et ouvre calmement le sas.


Pas de plumes.
Pas de sermons.
Juste de la poussée.

Pas de verdict.
Seulement de la vélocité.

Pas de croyance.
Mach 6,7.

Et pendant que les fidèles de l’ancienne logique
rédigent une nouvelle pétition
pour réglementer les escaliers roulants et les reflets de lune,
la perspective de la troisième voie allume la mèche,
trace une trajectoire,
et disparaît.

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