Chaque époque invente son hérésie.
Dans les années 50, il suffisait de lire Brecht ou d’écouter trop de jazz pour être communiste.
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Aujourd’hui, il suffit de penser trop librement, ou de refuser la mascarade managériale, pour devenir négatif, inadapté, voire dangereux pour la cohésion.
La structure, elle, n’a pas changé : ce qu’on ne comprend pas, on le diabolise ; ce qu’on ne peut pas contrôler, on le bannit.
Le Satanisme, dans son essence, célébrait la lucidité et la souveraineté de l’individu.
Mais lorsqu’un pouvoir s’en empare, il en inverse la polarité.
La responsabilité personnelle devient culpabilité programmée.
La lucidité devient cynisme institutionnel.
Et la force, jadis conçue comme autonomie morale, devient outil d’exclusion.
On érige alors des autels à la discipline, au réalisme, à l’exemplarité.
La hiérarchie d'entreprise parle de vérité, mais pratique le rituel de la conformité.
On ne brûle plus les dissidents : on les réévalue, on les recadre, on les isole.
La violence n’a plus besoin de chaînes ; elle agit par e-mail, procédure et silence.
Le Satanisme, lui, reste ailleurs : dans le regard qui ne détourne pas, dans la parole qui nomme sans trembler.
Il ne s’agit pas de se rebeller pour le geste, mais de refuser le mensonge sacralisé.
L’individu lucide ne détruit pas le système : il le rend visible — et, ce faisant, le vide de sa substance.
Ainsi se referme le cercle : des procès politiques des années 50 aux procédures disciplinaires d’aujourd’hui, c’est la même peur du désordre intérieur qui gouverne.
On change le vocabulaire, pas la logique.
Et les nouveaux inquisiteurs se disent modernes parce qu’ils utilisent des tableurs.
La liberté ne s’use que lorsqu’on s’en sert mal.
Ce n’est pas la lucidité qui dérange — c’est ce qu’elle éclaire.
PS : On pourra lire ce texte comme une réflexion philosophique — ou comme une mise en cause identitaire.
Ni l’un ni l’autre n’est faux, mais l’enjeu est ailleurs : observer comment des idéaux conçus pour libérer la conscience peuvent, entre certaines mains, devenir des instruments de contrôle.
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Arashi Wanderer Ryō
(Hōrō-Sha)
Je suis membre actif de la Church of Satan. Mes propos n'engagent que moi : je ne parle pas au nom de l'organisation.
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