(Autopsie de la pensée archaïque)
On lit souvent la même rengaine : « Des enfants meurent tués par balles dans les écoles, donc dieu n’existe pas. »
C’est l’argument du mal, répété jusqu’à l’usure. Il a son poids, mais il reste superficiel : un argument de circonstance, chargé d’émotion, mais pauvre en profondeur.
Si l’on veut vraiment contester l’idée de dieu – et plus encore celle d’une révélation divine – il faut lever les yeux plus haut. Vers le ciel, vers le monde, vers l’univers.
Le ciel d’hier et d’aujourd’hui
Il y a quatre mille ans, on voyait déjà Orion, la Grande Ourse ou le Scorpion.
Le ciel visible est resté plus ou moins le même : les constellations ont légèrement dérivé, certaines étoiles ont changé de magnitude, mais pour l’essentiel, l’horizon nocturne des Anciens ressemblait au nôtre.
Ce qui a changé, ce n’est pas le ciel, mais son interprétation : on ne parle plus d'une coupole solide percée de lampes, des dieux attachés aux étoiles, un soleil et une lune créés pour l’homme.
Mais c'est bien de cette vision à courte vue qu'est née une théologie cosmique : le ciel comme preuve, le cosmos comme ordre moral.
Le ciel ne se réduit pas à ce qu’on voit
Il ne suffit pas de lever les yeux pour comprendre l’univers. Les Anciens prenaient le visible pour le réel.
Or, le cosmos ne se limite pas à sa façade : Phobos et Deimos, les deux lunes de Mars, existaient déjà à l’époque biblique. Personne ne les connaissait, car il fallut attendre 1877 pour les observer avec les instruments de Hall.
Autrement dit : le ciel « familier » n’était qu’une illusion de surface. Le monde réel était toujours plus vaste, plus complexe, et il échappait complètement aux représentations religieuses.
La bascule mentale
C’est là qu’intervient cette bascule mentale, typique d'une mentalité pré-logique qui rappelle la logique infantile : la synecdoque spontanée, qui transforme une partie en totalité.
(explication complète ICI)
Cette confusion instinctive a nourri des dogmes entiers. Mais elle s’est révélée fausse : ce que l’on voyait n’était pas « le tout », seulement une petite fenêtre sur une réalité plus vaste.
Science contre mythe
Aujourd’hui, nous savons que :
- la vision géocentrique est erronnée ;
- les étoiles sont d’autres soleils, à des distances vertigineuses ;
- l'Homme n’est pas le but du cosmos, mais une coïncidence évolutive.
Le cosmos, dans ses grandes lignes, est resté le même. Ce sont nos lectures qui ont basculé du mythe à la science.
Et c’est là que la critique devient implacable : les textes sacrés décrivent un monde qui n’existe pas, qui n'a jamais existé.
L’excuse de l’époque ?
On objectera que les Anciens n’avaient pas les moyens d’en savoir plus. C’est vrai… et faux.
Vrai, ils n’avaient ni télescopes ni satellites.
Faux, car dès l’Antiquité grecque et à l’époque de l’Islam médiéval, des savants et mathématiciens savaient déjà calculer, observer, pressentir des lois.
Or, si la révélation était d’origine divine, pourquoi ne contient-elle aucune avance, aucune connaissance vérifiable, aucun indice qui puisse encore aujourd’hui être reconnu comme preuve ?
Et surtout : pourquoi accepter encore une vision archaïque, symbolique et poétique, alors que la science décrit l’univers en termes précis — spectres lumineux, constellations mesurées, naines blanches et rouges, amas stellaires surnommés LGM par dérision ?
Le tribunal divin de la météorologie
La même erreur vaut pour la météo. Orages, sécheresses, tremblements de terre : autant de « jugements divins » dans l’imaginaire ancien.
Et l’on en trouve encore la trace : en droit anglo-saxon, les contrats parlent toujours d’« acts of god » pour désigner les catastrophes naturelles.
Archaïsme absolu. Nous savons que la pluie vient de la condensation, que la foudre est un différentiel électrique, que les cyclones naissent des masses d’air et des océans.
Mais le vieux réflexe survit dans le langage – preuve que l’ombre du mythe persiste.
Les prescriptions : pragmatisme devenu dogme
Même les interdits alimentaires et rituels montrent ce mécanisme, par exemple :
- la circoncision : peut-être utile pour réduire certaines infections dans un monde sans antiseptiques ;
- le porc : viande fragile, dangereuse sans conservation ;
- les fruits de mer : hautement périssables, parfois toxiques crus.
Autant d’observations empiriques et sanitaires transformées en prescriptions éternelles. Ce qui relevait du simple bon sens ou de la coutume a été divinisé pour devenir loi sacrée.
Archaïsme contre modernité
Un raisonnement archaïque ne tient que jusqu’à ce qu’un raisonnement plus moderne le remplace.
On ne peut pas conserver une explication symbolique ou poétique du monde — comme le font les religions — et en même temps s’appuyer sur les résultats de la science qui la contredisent.
On ne peut pas dire que le ciel est une coupole percée de lampes, tout en envoyant des sondes vers Jupiter.
On ne peut pas parler d’« actes de dieu » pour les catastrophes naturelles, tout en calculant avec précision la formation d’un cyclone.
Les dogmes se figent là où les sciences progressent. Et c’est cette dissonance qui révèle la vraie fracture : la religion n’a pas suivi la marche des raisonnements, elle est restée collée à l’archaïque.
Le poids des faits
Critiquer la religion par les drames humains, c’est l’attaquer sur son terrain moral, où elle trouvera toujours une parade.
Mais critiquer la religion par le ciel, la météo et les prescriptions, c’est attaquer à la racine.
Le cosmos est resté pour l’essentiel le même.
Les nuages se forment comme hier.
La viande se gâte aussi vite qu’autrefois.
Ce sont les dieux qui ont changé de visage.
Et pour parodier Goya : le sommeil de la raison n’engendre pas seulement des monstres — il engendre également les dieux.
Arashi Wanderer Ryō
(Hōrō-sha)
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Je suis membre actif de la Church of Satan. Mes propos n'engagent que moi : je ne parle pas au nom de l'organisation.
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