Trouver ce genre de petit concentré d'ineptie au cours de recherches « pour voir » sur Internet vaut son pesant d'or. Et agit comme une piqûre de rappel : l'institutionnalité moderne version 2.0, prise au sens le plus large du mot, a bien hérité de la mentalité qui a imaginé l'alliance du trône et de l'autel.
« En France, le satanisme est considéré comme un mouvement sectaire caractérisé par un possible trouble à l'ordre public, pouvant également représenter certaines menaces envers les droits de l’homme. »
Une phrase qu’on croirait tout droit sortie d’un esprit bureaucratique fermé, où l’on préfère enfermer dans des formules prudentes ce qu’on ne veut ni nommer ni comprendre. Un langage d’apparente neutralité, mais chargé de soupçon implicite, de peur rationalisée, d’un besoin de classer avant même de considérer.
Le digne pendant du Nessie médiatique annonçant une implantation physique de la Church of Satan en France... depuis presque une décennie.
Mais foin de cette anecdote !
Le Satanisme authentique, tel que formulé par Anton LaVey et représenté par la Church of Satan, n’a pourtant rien à voir avec les dérives que cette phrase insinue. C’est une philosophie athée, lucide, fondée sur la responsabilité personnelle, le respect du consentement, et le refus de toute emprise. Ni culte, ni gourou, ni obligation. On y entre librement, sans mailing list ni promesse. Et on en sort de la même manière.
Ce qui dérange, peut-être (voire : sans doute !), c’est justement cette absence de dépendance organisée, cette autonomie nue, sans mystique collective.
D’où la tentation (!) de mêler à la même boue les crimes isolés, les faits divers sordides et une pensée rigoureuse mais provocante, largement diffusée de manière ouverte depuis 1966. C’est plus simple. Plus confortable. Et surtout, ça évite de lire. Une attitude, un état d'esprit, une habitude bien franco-française : juger avant de comprendre. Entre stupidité, conformisme aveugle et manque de perspective.
Mais ce confort a un prix. Il nourrit les amalgames. Il salit ce qui ne cherche même pas à plaire. Et il trahit une peur plus profonde encore : celle de ceux qui ne demandent rien à personne — ni pardon, ni permission.
Le Diable ici, ce n’est pas une menace. C’est un miroir. Et ce qu’il reflète, ce n’est pas la perversion, mais la paresse. L’hostilité floue, technico-administrative, qui préfère condamner l’ombre plutôt que de regarder la forme.
Comme la chronique branlante d'une exclusion maquillée en précaution.
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Je suis membre actif de la Church of Satan. Mes propos n'engagent que moi : je ne parle pas au nom de l'organisation.
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